Lorsqu’il s’agit de préparer l’avenir de nos enfants, une question cruciale se pose : comment investir intelligemment ? Bien souvent, le premier réflexe est de se tourner vers des instruments financiers à faible risque, comme le compte épargne, les assurances-vie ou encore les comptes à terme avec taux garanti. Le compte épargne reste l’option la plus populaire et la plus rassurante avec des montants protégés jusqu’à 100.000€ par personne et par banque. Cependant, avec des rendements qui peinent à suivre l’inflation, cette stratégie est-elle vraiment la meilleure sur le long terme ?
Le compte épargne : le faux ami de l’épargne de vos enfants ?
Selon une étude de la caisse d’allocation familiale Camille, plus de 70% des familles belges qui épargnent pour leurs enfants choisissent le compte épargne. À l’inverse, seulement 10% des familles osent explorer d’autres options comme les fonds d’investissement par crainte du risque.
Il est légitime de se demander si le compte épargne est réellement la solution la plus pertinente pour construire le capital de son enfant. Entre 2003 et 2023, son rendement annuel moyen n’a été que de 1,11 % en Belgique, alors que l’inflation atteignait en moyenne 2 %. Autrement dit, l’épargne n’a pas suffi à compenser la hausse des prix sur cette période, entraînant une perte de pouvoir d’achat – un comble pour un produit destiné à faire croître le capital de vos enfants.
L’enseignement financier en Belgique : un vide qui coûte cher aux épargnants
Cette frilosité à prendre des risques s’explique en grande partie par un manque d’éducation financière. Selon une étude de Febelfin menée en mars 2024 auprès de plus de 2.000 belges, le manque de connaissance arrive en deuxième position parmi les raisons qui freinent l’investissement, juste derrière le manque de moyens.
Il n’y a rien d’étonnant à cela : l’économie est souvent optionnelle, voire absente en gestion de portefeuille dans l’enseignement secondaire belge et peu de cursus universitaires proposent une formation approfondie sur les concepts financiers. Ce vide éducatif mène à une méconnaissance des opportunités des marchés financiers et à une peur exacerbée de la perte pour une grande partie de la population belge, alors que ne rien faire comporte en soi un risque bien réel : celui de laisser l’inflation éroder la valeur de son épargne.
Leçons de Tante Agathe : investir pour battre l’inflation
Après avoir fait le procès public du compte épargne, voyons avec un exemple concret ce qu’un investissement dans un fonds indiciel pourrait rapporter en comparaison. Souvent boudés lorsqu’il s’agit d’épargner pour ses enfants, ces fonds recèlent pourtant un potentiel qui ne demande qu’à être révélé grâce à une gestion avisée et réfléchie.
Retrouvons notre chère Tante Agathe et son frère Oncle Séraphin. En 2003, ces deux heureux grands-parents décident de faire une donation spontanée de 10.000€ à leurs petits-enfants. Tante Agathe, à l’aise avec les marchés financiers, décide de les placer dans un fonds répliquant l’indice du S&P 500. De son côté, Oncle Séraphin, plus prudent, opte pour la sécurité en plaçant la même somme sur un compte épargne1.
Les années passent et, en 2023, les résultats parlent d’eux-mêmes : le petit-fils de Tante Agathe empoche plus de 80.000€ tandis que la petite-fille d’Oncle Séraphin récupère… 14.000€. Le tableau est bien plus noir lorsque l’inflation rentre en jeu. En effet, le graphique montre que l’inflation a grignoté le capital sur le compte épargne, laissant la petite-fille d’Oncle Séraphin avec un pouvoir d’achat inférieur à ce qui avait été investi 20 ans plus tôt.
Graphique 1 – Évolution de la valeur d’un investissement de 10.000€ dans un fonds indiciel S&P 500 et dans un compte épargne de 2003 à 2023, comparé à leur valeur ajustée à l’inflation
Long terme et diversification : les clés du succès2
Tante Agathe n’a pas simplement eu de la chance. Son succès repose sur une stratégie éprouvée : investir sur le long terme et diversifier ses placements – à la fois en termes d’actifs et dans le temps. Cette diversification temporelle, bien qu’omise dans notre exemple pour des raisons de clarté graphique, est essentielle pour lisser les risques liés aux fluctuations du marché. Le Graphique 2 en est une illustration : la valeur obtenue après 20 ans grâce à un investissement unique de 10.000€ dans un fonds indiciel répliquant le S&P 500 dépasse systématiquement les performances du compte épargne. Cependant, ces résultats varient considérablement en fonction de l’année de départ.
Cette capacité des placements boursiers à surperformer sur le long terme se reflète aussi dans les chiffres globaux : entre 2003 et 2023, le fonds diversifié dans lequel Tante Agathe a investi a généré un rendement annuel moyen proche de 10%. En comparaison, le rendement annuel moyen de 1,64% offert par le compte épargne choisi par Oncle Séraphin fait pâle figure.
Le risque à long terme : une question de perspective
Bien sûr, la volatilité des marchés peut inquiéter à court terme. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un investissement à long terme, comme celui effectué pour un enfant, ces fluctuations sont généralement absorbées avec le temps. Par exemple, un investissement de 10.000€ dans un fonds répliquant le S&P 500 juste avant la crise de 2008 aurait retrouvé sa valeur initiale en environ quatre ans, malgré l’effondrement des marchés3.
Cela dit, connaître son profil de risque demeure essentiel. Selon ce profil, il peut être pertinent de diversifier ses investissements avec des actifs à faible risque, même à long terme. Toutefois, plus l’horizon est long, plus les pertes potentielles sont atténuées et plus le potentiel de rendement augmente. Par conséquent, un investisseur à long terme est généralement en mesure d’accepter un niveau de risque plus élevé qu’un investisseur à court terme.
Graphique 2 – Évolution de la valeur de 10.000 € après 20 ans : comparaison entre un compte épargne et le S&P 500 (1990-2003)
Conclusion : ne laissez pas la peur et l’inflation ronger vos rendements
Investir régulièrement, que ce soit mensuellement ou trimestriellement, dans un portefeuille d’actions bien diversifié peut permettre de dompter la volatilité des marchés tout en générant des rendements nettement supérieurs à ceux des comptes épargne.
Certes, les marchés financiers comportent des risques, mais ne pas en profiter et laisser son épargne s’éroder sous l’effet de l’inflation est un risque en soi.
Ne laissez pas le manque de connaissances financières limiter vos rendements et ceux de vos enfants. Formez-vous, gagnez en confiance et optimisez vos investissements selon vos objectifs et votre profil de risque. Avec les formations en Gestion de Portefeuille proposées par Sagora, vous êtes à un pas de vous lancer avec succès.
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Sources
- Campart, S. (2018). Et si on osait investir ? EMS Editions.
- Damodaran, A. (2024). Historical Returns on Stocks, Bonds and Bills: 1928-2023. https://pages.stern.nyu.edu/~adamodar/New_Home_Page/datafile/histretSP.html
- République Française, Service Public. (2023). Livret A. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2365
- Les rendements annuels du Livret A (France) sont utilisés pour leur facilité d’accès aux données historiques. Gardez toutefois à l’esprit que le rendement annuel moyen des comptes épargne belges est encore plus faible que celui du Livret A (1,11 % contre 1,64 % en moyenne). ↩︎
- Cet article se base sur les performances du marché américain, en particulier celles du S&P 500. Il est important de noter que ces résultats ne doivent pas être extrapolés à tous les fonds d’investissement, notamment les fonds européens, qui n’ont pas nécessairement eu des performances comparables. À titre d’illustration, l’indice Euro Stoxx 50 a mis plus de 16 ans pour retrouver son niveau d’avant la crise de 2008. ↩︎
- Attention, les performances passées ne garantissent pas celles du futur. ↩︎